Boites d’incubation pour les œufs d’Uromastyx et Sauromalus
L’élevage des reptiles est une activité qui demande une remise en question permanente, dans la recherche de la meilleure manière d’assurer le « bien-être » des animaux que l’on maintient et de les faire reproduire. D’une part, les avancées techniques (en termes d’éclairage/chauffage, par exemple) nous offrent des solutions toujours plus adaptés pour essayer de reproduire en captivité les conditions vécues par les reptiles en milieu naturel. D’autre part, sa propre expérience et celle d’autres éleveurs nous permettent de corriger les erreurs qui sont à la base des échecs qui jalonnent le parcours de chaque éleveur.
Un exemple qui me concerne est celui des boîtes d’incubation, notamment pour les œufs d’Uromastyx sp. et Sauromalus ater. Jusqu’à il y a quatre ans, j’incubais les œufs de ces sauriens déserticoles dans une boite contenant un substrat meuble comme la tourbe ou la fibre de coco. Ce substrat était maintenu sec, tandis que la boite était placée dans un environnement saturé d’humidité. Cette solution n’était toutefois pas optimale car les taux d’éclosion étaient souvent inférieurs aux attentes. Bien sûr, le nombre d’œufs qui éclosent dans une ponte donnée relève de nombreux et différents facteurs, certains connus -notamment l’état de la femelle, son alimentation, sa capacité à absorber le calcium, la durée de l’hivernage etc.- d’autres encore inexpliqués ou moins évidents. Néanmoins, les conditions dans lesquelles a lieu le développement embryonnaire peuvent également être décisives. Ainsi, pour vérifier cette hypothèse, j’ai décidé de changer ma méthode d’incubation en adoptant les boîtes d’incubation Reptilienbox® pour les œufs d’Uromastyx et Sauromalus.
Comme on le voit dans les photos, chaque boîte est constituée de deux demi-boîtes identiques en plastique rigide transparente et d’une grille métallique rigide entourée d’un cadre en plastique. Des deux demi-boîtes, l’une sert de fond et l’autre de couvercle ; le cadre avec la grille se situe entre les deux et permet de garder l’ensemble stable et relativement isolé de l’extérieur. L’assemblage n’est toutefois pas vraiment étanche, l’air circule même s’il n’y a pas d’aérations. La demi-boîte de fond est remplie à moitié d’eau afin d’assurer une haute hygrométrie à l’intérieur de la boite (autour de 90 %). Sur la grille, j’étale une fine couche de fibres de perlon (habituellement utilisées pour la filtration des aquariums) dont la seule fonction est d’éviter que les œufs roulent sur la grille quand je déplace la boîte. La couche de perlon doit être très légère, inversement elle pourrait absorber l’humidité ambiante et la transmettre directement aux œufs qui, au contraire, doivent être posés sur un substrat sec.
Le Reptilienbox® est installé dans l’incubateur (un vieux réfrigérateur avec le bac à légumes rempli d’eau réchauffée par un câble chauffant), où la température varie entre 31 et 35 °C et l’hygrométrie se situe aux alentour de 65 %. Sur les parois à l’intérieur de la boîte il ne doit pas y avoir de condensation, si cela se produit ça veux dire que l’hygrométrie dans l’incubateur (c’est-à-dire en dehors de la boite) est trop élevée et elle doit être baissée. En revanche, la légère condensation qui peut se former une à deux semaines avant l’éclosion est, en principe, bon signe : cela veut dire qu’on s’approche de la fin et que dans l’œuf les embryons sont vivants. Cette condensation je la sèche manuellement au fur et à mesure, pour éviter qu’en devenant trop importante elle ne génère des gouttes qui finissent pour tomber sur les œufs.
Les résultats obtenus en appliquant cette méthode d’incubation au cours des quatre dernières années ont été, tout compte fait, positifs. Les taux d’éclosion pour les deux genres en question ont été supérieurs à ceux enregistrés les années précédentes. Naturellement, cela ne me permet pas d’affirmer que les œufs incubés dans le Reptilienbox® écloront sans faille. La preuve en est que les œufs ne se comportent pas tous de la même façon pendant l’incubation et il faut toujours être prêt à intervenir s’ils réagissent de manière anormale. Ceci est vrai en particulier au cours des premières 3-4 semaines d’incubation. Si, par exemple, les œufs « se ratatinent », je les déplace sur un substrat meuble (fibre de coco) légèrement humide jusqu’à ce qu’ils reprennent leur volume normal. Ensuite, je les transfère de nouveau dans le Reptilienbox®. En effet, si les œufs ne sont pas suffisamment calcifiés, il est possible qu’ils perdent de l’eau quand ils se trouvent sur un substrat trop sec. En revanche, si, passé le premier mois environ, les œufs dégonflent un peu, je les laisse en l’état, malgré la crainte que cela m’inspire toujours. Jusque là, ils ont éclos normalement, sauf rares exceptions dues vraisemblablement à d’autres causes.
En résumé, l’environnement dans lequel les œufs sont incubés est certes important mais ce n’est pas le seul garant de la réussite dans les éclosions. D’autres facteurs en amont, même précédents la phase reproductive, sont responsable de l’état des œufs à la ponte et, donc, de leur sensibilité majeure ou mineure aux conditions environnantes, aux paramètres de température et, surtout, d’hygrométrie.
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